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Qui se souvient de Jean-Joseph Rabearivelo, un poète malgache, qui s'est suicidé en 1937 ?

 

Son seul ouvrage publié en France le fut grâce à Armand Guibert, le premier traducteur de Pessoa.
Pour en savoir plus, Eric Nonn, l'auteur de Blanc Métal et de Carlingue, est allé à Madagascar. Il s'est embarqué avec les recueils de Rabearivelo, où voisinent étrangement la marque de formes anciennes, le pantoum ou les hain-teny merinas, et l'influence de Rilke, Joyce, Lautréamont et Jarry. Sur l'Ile rouge, il a retrouvé Solofo, le fils. Il a lu le manuscrit de son journal, les Calepins bleus, et déchiffré ses poèmes obscurs, écrits contre le dénuement, la folie, l'ivresse sexuelle. Il nous fait partager sa fascination pour un homme qui, à l'heure de mourir, envoya un ultime «baiser aux livres de Baudelaire»..
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Mais l’intérêt de ce récit trop court et ce qui émeut
profondément le lecteur, provient, provient surtout
de l’écriture presque en lambeaux d’Eric Nonn, une
écriture oscillant souvent entre choses vues et
aphorismes stridents, qui s’approprie la poésie de
Rabéarivelo pour littéralement l’habiter. Comme s’il
n’était désormais possible d’atteindre à une voix
poétique et sensible dans l’expression autobiographique,
à fleur de prose, qu’à la condition d’en passer par la
méditation d’une poésie arrachée au passé – et du coup
furieusement contemporaine.
 Bertrand Leclair Quinzaine Littéraire.
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On aurait peu dit de ce beau livre en passant
trop vite sur ce rapport humain, même si
l’âme et l’objet en sont le poète suisidé. Ou
en évoquant une autre présence infiniment
prégnante : celle de cette Tananarive, cette
ville rouge dont Nonn absorbe et restitue les
couleurs et les saveurs en lui renvoyant ainsi
sa sensualité. Une sensualité fouettée par les
pluies d’orage et digne des belles côtières
aux cuisses nues qui passent « comme de
grands oiseaux migrateurs » et qui laissent
les jouvenceaux « regarder sous leurs jupes
courtes comme des volants de badminton ».
Nous faire entrer ainsi dans le destin tragique
D’un homme par une voie aussi sensible est
En soi une belle réussite romanesque, mais le
Haut mérite de ce livre, c’est aussi et surtout
De faire découvrir, au fil du parcours et des
Textes cités, un remarquable poète.
 Ghislain Cotton L’Express.

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